Dans la presse : Le projet Sentinelle de l’océan propose d’échographier les océans

Le Télégramme – Publié le 01 novembre 2021 à 19h00 – Auteur : Stéphane Guihéneuf – Lecture : 3 minutes. – Lien

Philippe Raude, d’Austral Electronics, entreprise basée à Ploemeur, qui porte le projet de capteur pour le suivi de la vie océanique microscopique et des pollutions marines. (Le Télégramme/Stéphane Guihéneuf)

Le projet « Sentinelle de l’océan » propose d’échographier les océans pour y quantifier la vie microscopique. Explications avec Philippe Raude, fondateur d’Austral Electronics, à Ploemeur, à l’origine du projet.

À l’heure de la Cop26 – conférence de Glasgow sur les changements climatiques – des scientifiques viennent d’interpeller les gouvernements sur les enjeux d’une gestion durable des océans. Cette déclaration entre en résonance avec les préoccupations de Philippe Raude, créateur, à Ploemeur (56), d’Austral Electronics, jeune pousse spécialisée en électronique marine.

Avec Maree (Ploemeur), spécialiste en acoustique de reconnaissance de l’environnement, et CLS (Toulouse), leader en solutions spatiales, il entend fédérer, au sein du projet « Sentinelle de l’océan », une communauté de marins et de scientifiques autour d’une collecte de données océaniques à grande échelle. Le projet associe capteur acoustique et intelligence artificielle et vise à échographier les océans par le déploiement du dispositif sur 2 400 bateaux, hauturiers notamment. « Il s’agit de quantifier et classifier la vie océanique microscopique ».

« Il suffirait d’équiper 2 000 bateaux et on analyserait un milliard de mètres cubes d’eau. Cela équivaut au travail de 100 000 laborantins »

Créateur d’un speedomètre ultrasonore

Philippe Raude a travaillé pendant une trentaine d‘années dans le contrôle commande et l’acoustique sous-marine. Il y a 20 ans, il a inventé un speedomètre ultrasonore. Un capteur fonctionnant par « échographie de l’eau de mer ». Donnant à voir les microbulles d’air et les micro-organismes, il permettait surtout de déterminer la vitesse. Il y a quelques années, il a eu l’idée de l’adapter à la problématique du changement climatique. Il ne s‘agit plus dès lors d’obtenir la vitesse d’un bateau mais de quantifier et classifier, en temps réel, la vie microscopique des milieux aquatiques. « Il suffirait d‘équiper 2 000 bateaux et on analyserait un milliard de mètres cubes d’eau. Cela équivaut au travail de 100 000 laborantins ».

Le capteur de suivi de la biomasse est une adaptation du speedomètre ultrasonore que
Philippe Raude avait créé il y a 20 ans. (Le Télégramme/Stéphane Guihéneuf)

Biodiversité et pollutions

Dans un contexte de dérèglement climatique, les scientifiques rappellent tout l’enjeu de mieux connaître et protéger mers et océans. « 95 % de la biomasse est microscopique. C’est le deuxième marqueur de la planète (après l’homme) ». Le plancton fournit oxygène et absorbe du CO2. « L’océan absorbe 61 % de plus de carbone que les forêts sauf qu’en 42 ans, on a enregistré une baisse de 58 % de la biodiversité marine », note Philippe Raude.

Son capteur fonctionne en très haute fréquence. « On peut voir des choses très petites, inférieures à 100 microns ». Ce qui doit permettre d’évaluer la biodiversité mais aussi les pollutions et notamment celles liées aux particules en suspension (microplastiques).

Philippe Raude, de Austral Electronics, entreprise basée à Ploemeur, qui porte le projet de capteur pour le suivi de la vie océanique microscopique et des pollutions marines. (Le Télégramme/Stéphane Guihéneuf)

Lauréat du prix des Initiatives maritimes

« Le capteur ne va pas résoudre les problèmes de la planète », prévient Philippe Raude. Mais il peut aider à mieux comprendre les mécanismes qui interagissent. D’ici deux ans, les premiers bateaux pourraient être équipés de prototypes.

En recherche de financement, le projet Sentinelle de l’océan est déjà soutenu par Ekosea (financement participatif) et accompagné par Audélor. Il vient d’être salué par un prix des Initiatives maritimes 2021.